Remonter le temps, c’est d’abord s’arrêter devant la silhouette trapue de l’église Saint-Martin, datée du Moyen Âge. Car dès le XII siècle, notre village relevait de la baronnie d’Harcourt (source : Wikipedia - Harcourt (Eure)), l’une des lignées les plus influentes de Normandie. Les De Harcourt ont façonné les paysages avec vigueur, gérant terres et bois, établissant des droits de passage, appelant à la protection ou à la reconstruction après les guerres de la région.
Des vestiges de leur passage subsistent : linteaux armoriés, mentions dans les archives départementales, toponymie (“Le Harcourt”, “Mare du Duc”). Certains noms, comme Pierre d’Harcourt ou Jean III, ont joué un rôle clé dans la gouvernance locale, arbitrant impôts, constructions et foires annuelles.
Si nos campagnes paraissent calmes, elles envoyèrent pourtant des fils et des filles loin… très loin. Dès le début du XVII siècle, la Normandie fut l’une des régions les plus impliquées dans le peuplement de la Nouvelle-France . D’après le recensement des matricules et le travail des généalogistes, plusieurs familles de Berengeville-la-Campagne ou des communes proches sont parties tenter leur chance outre-Atlantique (source : France Archives).
Cette aventure laisse des traces profondes : certains descendants québécois reviennent parfois sur leurs terres d’origine, attirés par les racines, les patronymes, les curieux hasards de l’histoire.
On imagine souvent la campagne figée, alors que le XIX et le XX siècle furent des temps de mutation intense. À Berengeville, des hommes du cru se sont hissés à la tête de la mairie ou ont mené le combat dans l’ombre, à la faveur des conflits et des bouleversements ruraux. Voici quelques figures engagées :
La grande Histoire s’incarne ici dans des vies simples, mais marquées par l’audace de “faire ce qui doit être fait”, même quand cela ne laisse aucune statue. Certains anonymes n’ont laissé d’échos que dans les carnets de famille, d’autres dans les registres d’état-civil, où un mot, une date, un engagement, racontent tout.
Un village, ce n’est pas seulement une addition de faits d’armes et de maires entreprenants ; c’est aussi le terrain propice à l’épanouissement d’artisans, de fêtes, de coutumes, d’esprits libres. Impossible de ne pas citer ici quelques têtes connues de la mémoire collective locale, celles qui donnent du relief à nos journées et à nos souvenirs :
À Berengeville, on aime raconter que ces figures “font vivre le village plus que n’importe quel monument”. Elles inspirent même aujourd’hui nombre de nos ateliers d’artisanat, marchés gourmands et expositions estivales qui perpétuent la convivialité et la diversité du savoir-faire local.
Dans la mémoire des habitants, ce ne sont pas toujours les grandes dates qui comptent, mais les récits transmis de bouche à oreille : la fermière qui, pendant la Guerre de Cent Ans, nourrit des soldats affamés ; l’enfant qui, au début du XX siècle, sauve la grange d’un incendie ; les cantonniers, les sonneurs de cloches, les institutrices à la plume agile.
Qu’ils soient tombés dans l’oubli ou restés dans la lumière, ces anonymes composent, jour après jour, la fresque mouvante de Berengeville-la-Campagne, là où s’entrelacent l’héroïsme du quotidien et une certaine idée de la fraternité rurale.
Aujourd’hui encore, il suffit de flâner dans le village ou d’ouvrir une vieille armoire à la mairie pour retrouver ici et là :
La transmission orale, encore très vivace à Berengeville, mêle ainsi petits faits vrais et grandes épopées, tissant cette tapisserie fragile et précieuse de notre mémoire villageoise.
Chaque habitant, chaque visiteur curieux est invité à pousser la porte des souvenirs, interroger les doyens, explorer les coffres et les archives : qui sait quels héros dorment encore dans l’ombre d’un grenier ? En partageant histoires et photos, en évoquant celles et ceux qui ont fait battre le cœur du village, on prolonge, à notre façon, cette aventure humaine.
Parfois, autour d’une table ou lors des fêtes de village, surgit un prénom, un éclat de rire, une anecdote—preuve qu’ici, à Berengeville-la-Campagne, l’histoire est vivante, mouvante, et toujours à écrire.
Vivre, découvrir et savourer la campagne normande