Derrière une porte solide de la mairie, loin du tumulte de la rue principale, sommeille un véritable trésor de papier : les archives municipale. Longtemps délaissées, elles sont aujourd’hui soigneusement conservées, numérisées et parfois exposées lors de journées patrimoine, à la curiosité des visiteurs mais aussi à la tendresse des habitants.
Quelques pièces rares, consultables sur demande, réveillent aussitôt l’imaginaire : la lettre d’une institutrice réclamant du bois pour chauffer l’école durant l’hiver 1917 ou la liste exhaustive des conscrits envoyés au front en 1914. Autant de fenêtres ouvertes sur les petites et grandes histoires du quotidien.
L’église Saint-Étienne, pièce centrale du village, abrite à elle seule une collection d’objets sacrés et de souvenirs d’un autre âge. Elle n’a rien d’un musée, mais le moindre recoin semble veiller sur un fragment de l’âme locale.
Moins institutionnelles, souvent oubliées dans des cartons offerts aux souvenirs, les archives des anciennes sociétés de chasse, de tir, de gymnastique ou des associations féminines sont de véritables mines d’anecdotes savoureuses.
Parfois ressortent des souvenirs plus inattendus : un vieux maillot rouge et or de l’équipe de foot montée de toutes pièces en 1962, des photographies de la troupe théâtrale locale posant devant la salle polyvalente, ruban tricolore en bandoulière… Tout ce qui témoigne d’un passé communautaire riche et vivant.
Certes, à Berengeville-la-Campagne, nous n’avons ni chef-d’œuvre Renaissance ni reliques impériales. Mais les granges, les maisons et même certains jardins abritent leur lot de petits trésors qui racontent la vie réelle et celle de nos anciens.
Petite mention spéciale pour les nombreuses collections privées, souvent exposées lors des rendez-vous festifs : cartes postales de la Grande Guerre, sabots d’enfants retrouvés dans une ancienne remise, manuels d’école avec notes marginales d’un écolier inspiré… et, pièce rare, une boîte à lettres rurale en fonte (modèle 1922) qui fut fixée à l’entrée du village jusqu’aux débuts de la Poste automobile.
Ici, la vie agricole façonne les jours, les familles et les saisons. Les fermes de Berengeville-la-Campagne recèlent souvent leur propre patrimoine, modestement recueilli de génération en génération.
Certains murs conservent encore l’empreinte des anciens jetons de l’épicerie - ces “pièces” données aux ouvriers agricoles à la place de la monnaie, servant à régler sur place pain ou farine (pratique datée du début du XX siècle selon “Mémoire de campagne normande”, collectif local, 2019).
L’école, qu’elle soit celle de la trogne ou celle du cartable moderne, garde aussi sa mémoire. Les anciens cahiers retrouvés dans un grenier, les dessins naïfs d’écoliers racontent la vie d’hier et forgent la mémoire collective.
Un exemple touchant : le carnet illustré de Lucienne B., institutrice de 1942 à 1957, où l’on lit entre les lignes l’espoir malgré le froid, les alertes de la guerre et les joies discrètes des premiers jours du printemps.
À Berengeville-la-Campagne, les objets et archives remarquables ne dorment pas sous verre : ils vivent, ils témoignent, ils nourrissent les échanges entre générations. Que ce soit lors d’une exposition temporaire à la mairie, d’une veillée contée à la ferme ou d’un goûter dans l’ancien café, ils sont les repères d’un village où l’on aime se souvenir ensemble.
Si vous souhaitez vous plonger dans ces histoires, la médiathèque numérique de l’Eure et le site POP du Ministère de la Culture permettent d’accéder à certains inventaires. Mieux encore : poussez la porte d’une grange, questionnez ceux qui savent et venez au hasard d’une fête locale découvrir les trésors du quotidien. Car il n’est de patrimoine plus vivant que celui qui se partage le sourire aux lèvres et les mains dans la main.
Belle balade patrimoniale à tous à Berengeville-la-Campagne !
Vivre, découvrir et savourer la campagne normande