Au cœur de l’Eure, Berengeville-la-Campagne s’étire comme une veine verte au nord du plateau du Neubourg, à une quinzaine de kilomètres d’Évreux et à peine une heure de Rouen. Un point sur la carte dont la grande histoire se mêle avec discrétion à celle, quotidiennement vécue, du paysage normand. La commune s’étend sur plus de 9 km² selon l’INSEE, à une altitude moyenne de 153 mètres, oscillant entre la douceur de 132 m et l’élan timide de 152 m. Ici, pas de vertige, mais une harmonie toute paysanne : collines mollement ondulées, vastes plateaux ponctués de bosquets et de parcelles cultivées, et partout, cette lumière changeante qui anime la campagne d’un printemps à l’autre.
Berengeville-la-Campagne s’organise autour de la D119, axe principal, et de routes secondaires serpentant vers Hectomare au sud ou vers la vallée d’Iville. Ces routes, bordées de noisetiers et de vieux pommiers, invitent constamment à la promenade — à pied, à vélo ou à cheval.
Peu de grands fleuves contournent Berengeville. Ici, ce sont les petits ruisseaux qui font le sel du paysage et abritent une biodiversité précieuse.
En période de pluie, les sols limoneux s’engorgent, donnant naissance à de petits rus temporaires. L’été, il n’est pas rare de surprendre un chevreuil venant s’y désaltérer à l’aube.
L’observation attentive révèle que Berengeville-la-Campagne, sous son apparente quiétude, bruisse de vie. Entre plaine cultivée, lisière de bois et prairies inondables, chaque milieu a ses habitués.
Le département de l’Eure compte plus de 200 espèces d’oiseaux recensées, et la campagne du Neubourg reste un des réservoirs importants pour l’avifaune rurale (source : LPO Eure). Les renards et chevreuils y cohabitent sans conflit, profitant de la diversité des habitats. La commune participe aussi à la préservation des bandes enherbées le long des champs, précieux refuges pour la faune auxiliaire (coccinelles, syrphes, carabes) indispensable à l'équilibre écologique.
C’est en marchant au ralenti le long des chemins que l’on saisit la richesse végétale de Berengeville. Ici, la palette change de couleurs au rythme des saisons :
Sur les bordures de route, on observe la cardère sauvage, base précieuse pour les chardonnerets, et la présence rare (mais confirmée par les botanistes amateurs !) de l’orchis bouc au bord des prairies humides.
La meilleure façon d’appréhender la géographie et la nature de Berengeville, c’est encore de les arpenter pas à pas. Voici quelques parcours prisés des habitants et randonneurs :
Sur ces chemins, il n’est pas rare de croiser des promeneurs, des cyclistes, et parfois… le silence pur, traversé par le vent dans les arbres.
Conserver cette richesse naturelle n’est pas un acquis. La région n’échappe ni aux pratiques agricoles intensives ni aux enjeux climatiques. Depuis une quinzaine d’années, plusieurs familles d’agriculteurs se sont engagées dans le maintien des haies historiques et la plantation de nouvelles, souvent avec le soutien du Pays du Neubourg et du Parc Naturel Régional des Boucles de la Seine Normande.
Un engagement collectif se tisse, parfois discret, mais bien vivant. La transmission de ces savoirs locaux, informels mais précieux, est un fil rouge entre générations, et la meilleure promesse pour l’avenir de notre campagne.
Il n’existe pas deux lieux pareils, et Berengeville-la-Campagne, sans tapage, en est la preuve. Arpenter ses chemins, s’attarder auprès d’une mare, prêter l’oreille au chant d’une buse ou d’un rougegorge, observer les variations infimes du vent dans les blés… c’est entrer, l’air de rien, dans une collection d’instants précieux. Pour qui vient passer quelques heures ou s’enraciner ici, la géographie n’est pas qu’une suite de reliefs, d’altitudes ou de cartes IGN. C’est un art de vivre, une matière vivante qui se goûte et se transmet, et que la nature, généreuse, ne se lasse jamais de raconter.
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