Voir plus loin que les cartes : comprendre la géographie de Berengeville-la-Campagne

Avant même de poser les yeux sur le clocher, de sentir la brume du matin sur la campagne ou d’entendre le chant timide d’une mésange, Berengeville-la-Campagne, c’est d’abord un écrin de verdure entouré de douces ondulations. Situé dans le département de l’Eure, à quelques kilomètres à l’est de Lisieux et à une poignée de kilomètres d’Elbeuf et du plateau du Neubourg, le village occupe une position paisible mais stratégique. Les terres, formées de limons fertiles typiques de la région Normandie, révèlent à qui sait les regarder mille ondulations et détails, héritages d’une histoire façonnée par les rivières, l’érosion, et un travail agricole qui se transmet depuis des générations.

La superficie de la commune s’étend sur environ 727 hectares (source : INSEE). C’est peu, à l’échelle du monde. Mais puissant d’histoires à l’échelle d’un promeneur. D’un côté, on retrouve le plateau du Neubourg – grand tapis légèrement bombé où céréales et betteraves s’étirent à l’infini. De l’autre, des vallons s’enfoncent et se recroquevillent, offrant leurs pentes aux haies de noisetiers et aux trouées de chênes. Le point culminant de la commune dépasse à peine les 135m d’altitude, tandis que le point le plus bas la fait redescendre autour de 100m (IGN, Géoportail). Ici, chaque variation compte : le vent, la lumière, la couleur de la terre.

  • Situation géographique : Région Normandie, département de l’Eure, arrondissement de Bernay, canton du Neubourg.
  • Coordonnées : Latitude 49.1592° N, Longitude 0.9907° E.
  • Altitude : Entre 100m et 135m.
  • Superficie : 7,27 km².

Et puis il y a l’eau. De petites mares, parfois vestiges d’anciens abreuvoirs ou de trous de sablières, ponctuent le paysage. Quelques rus discrets, tributaires de la rivière Iton, creusent leur chemin tout au long de l’année – le tout dessinant des corridors de fraîcheur qui, l’été venu, offrent encore un refuge à la vie sauvage.

Portraits croisés de paysages : la Campagne à taille humaine

Impossible de confondre Berengeville-la-Campagne avec un village des plaines céréalières à perte de vue ou avec les bocages trop serrés du Cotentin. Ici s’entremêlent des scènes à la fois douces et pleines de contrastes :

  • Les champs ouverts : Surtout au nord, cultures de céréales, colza aux jaunes éclatants, betteraves. De juin à juillet, le parfum frais du blé mûr rivalise avec le bruissement des épis, le paysage se transforme chaque semaine : taches d’or, puis stubbler où glanent les corneilles.
  • Les haies : Vieille tradition normande, les haies serpentent à travers champs, jouant leur rôle de barrière au vent et d’abri pour la biodiversité. Un recensement local indiquait en 2003 quand même plus de 12 km de haies intra-muros rien que pour le village (source : Parc naturel régional des Boucles de la Seine Normande).
  • Les mares et vergers : Près des hameaux, on retrouve ces petites étendues d’eau, véritables havres de libellules carmin, d’arums en fleurs à la fin du printemps. Quant aux vergers, ils sont moins nombreux qu’autrefois, mais on déniche encore de vieux pommiers tordus et quelques ruches fières, veillées par l’ombre bienveillante d’un poirier centenaire.
  • Les chemins creux : Les promeneurs curieux partent à la découverte de ces passages ombragés, parfois bordés d’orties géantes ou de houx, sculptés au fil des siècles par les pas des villageois, des troupeaux et des charrettes. Un sentier qui descend vers la Fontaine Saint-Médard (ancienne source réputée jadis) vaut à lui seul le détour, pour sa fraîcheur et le secret qu’il semble garder.

Point de rencontre entre climat normand et microclimats

Le ciel ici est changeant, aussi normand que possible, donc capricieux. On recense une pluviométrie annuelle autour de 800 à 900mm (Météo France), de quoi maintenir une belle verdure mais aussi quelquefois reléguer le pique-nique à la grange ! L’hiver est doux (rarement sous les -2°C), les étés tempérés. Ce climat tempéré océanique donne à la campagne sa douceur, sa palette de verts, et favorise une biodiversité riche.

  • Vent dominant : Ouest, parfois fort, souvent joueur, il imprime aux arbres une inclinaison discrète.
  • Microclimats : Les fonds de vallée restent frais plus longtemps au printemps. À l’inverse, certaines buttes, bien exposées, abritent des plantes méridionales égarées ! Voilà pourquoi on retrouve, dans un même jardin, du muguet timide et une lavande aventureuse…

Lieux naturels incontournables et promenades coup de cœur

Chaussez vos bottines ou enfourchez vélo, chaque détour est une surprise. Voici quelques passages obligés pour saisir toute la richesse de la nature locale :

  • Le Chemin du Hibou : Sentier d’environ 3,5km, il longe haies, champs et vieilles bâtisses. Au matin, il n’est pas rare d’y croiser une chouette hulotte rentrant de chasse. Les enfants adorent compter les nids dans les vieux arbres.
  • La Fontaine Saint-Médard : Aujourd’hui discrète, elle fut un haut-lieu des croyances populaires. On vient encore y puiser une fraîcheur inaltérée en août.
  • Le Verger Conservatoire : Créé il y a une quinzaine d’années par une poignée de passionnés, il regroupe une quinzaine de variétés anciennes de pommes et de poires locales. Atout rare et précieux : on y compte désormais 4 espèces de chauve-souris recensées durant l’été 2022 (Groupe Chiroptères Normandie).
  • Le chemin du Moulin à Vent : On n’y trouve plus le moulin… mais la colline d’où il surplombait la vallée offre un panorama splendide, idéal pour admirer un coucher de soleil sur la mosaïque des cultures.

Biodiversité : la vie discrète mais foisonnante

Faune visible et invisible

La faune de Berengeville-la-Campagne est une mosaïque à la fois banale et secrète, qui passionne ornithologues amateurs et petits naturalistes. Quelques chiffres pour donner la mesure :

  • Près de 57 espèces d’oiseaux recensées aux abords du village et des jardins (source : Observatoire Local de la Biodiversité – Eure Nature).
  • 3 espèces de pics (épeiche, vert, mar) présentes toute l’année dans les bois de haies.
  • 5 espèces de chauves-souris observées au crépuscule, dont la pipistrelle commune – pourtant menacée – grâce à la préservation des vieux arbres et granges.
  • 2 espèces de tritons (crêté et ponctué) dans les mares réhabilitées depuis le programme Agri-Nature porté par la région.

Quant aux mammifères, la plupart se font discrets : hérissons fréquentant les massifs, martres et blaireaux aperçus par les agriculteurs lors des labours du soir, sans parler des chevreuils qui, au printemps, traversent encore d’un bond la grand-route.

La flore, un patrimoine de couleurs et d’odeurs

  • 40% de la surface communale est végétalisée en prairies, talus, bosquets et jardins (source : Inventaire bocager, 2019, Eure).
  • Plus de 120 espèces de plantes sauvages répertoriées rien que sur trois circuits de balades (dont orchis sauvage, grande berce, omniprésente violette odorante).
  • Les anciennes haies abritent encore aubépine, troène, noisetier, cornouiller sanguin, chêne pédonculé et, à la faveur de l’automne, les rares mais précieuses girolles des talus sous les vieux pommiers !
  • Côté vergers, les variétés locales de pommes et poires – Belle de Boskoop, Passe-crassane, Calville de Normandie – sont cultivées par quelques familles, parfois en bio.

Un projet participatif lancé en 2020 par la collectivité a permis d’implanter 180 mètres linéaires de nouvelles haies, remises en place par les écoliers du village.

Anecdotes, histoires naturelles et secrets d’initiés

Le vrai charme de la géographie locale, ce sont aussi ses histoires, racontées parfois à mi-voix lors d’une veillée, parfois griffonnées dans les carnets des promeneurs :

  • Un muret à l’entrée du village, appelé « la pierre des amoureux », aurait accueilli, dit-on, les nocturnes rendez-vous des jeunes villageois aux beaux jours, à la faveur des parfums de chèvrefeuille.
  • En février 2018, un promeneur a observé un vol d’oies cendrées perdu dans la brume… étrange halte, signe de la capacité de ce territoire à accueillir des hôtes de passage surpris (source : Club Nature du Neubourg, rapport mensuel 2018).
  • L'appellation de certains chemins, « le sentier du renard », « la route du moulin », sont des vestiges d’une époque où chaque recoin avait son histoire et chaque repli hébergeait un secret intergénérationnel.

Prendre soin aujourd’hui, rêver demain

Si la nature de Berengeville-la-Campagne demeure aussi riche, c’est en grande partie grâce à la vigilance des habitants et leur attachement à des pratiques agricoles respectueuses. La collectivité a d’ailleurs signé la charte « Ma Commune Nature » dès 2017, bannissant l’usage de pesticides sur les espaces publics, et plusieurs exploitations du secteur sont engagées dans la démarche Haies Vives d’Eure ou en agriculture biologique (source : Chambre d’agriculture de l’Eure).

Le maintien des mares s’est aussi révélé une réussite, avec l’appui du CPIE Terre de Normandie, associant écoles et riverains à la découverte des amphibiens et à la protection des zones humides.

  • 2021 : Plantation d’un pré-verger communal à but pédagogique, accessible à tous, complété par des panneaux sur la biodiversité fruitière.
  • 2022 : Lancement d’un suivi participatif sur les oiseaux nicheurs (résultats attendus à l’hiver 2024).

Éveiller les sens, ouvrir les yeux

La géographie et la nature à Berengeville-la-Campagne ne se révèlent vraiment qu’à ceux qui prennent le temps : le temps de marcher, d’écouter, d’observer sans bruit. Qu’on soit randonneur passionné, habitant de toujours ou nouveau venu, le village invite à s’arrêter (vraiment), à créer du lien avec le vivant. Chaque saison offre ses propres lumières – le givre d’hiver qui cisèle les fossés, la mélodie légère des grenouilles revenues en mai, le travail patient de la terre. Savoir regarder, c’est être habité par la campagne, à chaque pas renouvelée.

Ici, en Normandie, la nature n’attend que le visiteur curieux. Chacun ramène ses histoires, prolonge le fil du vivant. La vraie carte de Berengeville-la-Campagne, c’est celle qu’on dessine en marchant.

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